Du pur, du grand Melville.
Nous sommes, avec ce film, dans l’anti-thèse même de Carbone et du cinéma de O. Marchal et de certains films US; pas souvent très très fins.
Chez Melville, on est dans le subtil et dans l’élégant; véritable créateur d’ambiance, avec sens. Jean-Pierre Melville est l’as du cinéma noir. Une mise en scène à l’épure permet cela et des personnages qui existent faits de chair de sang, de cœur et de peau et sans Perfecto.
Tiré d’un roman de José Giovanni (inspiré d’un personnage réel), Jean-Pierre Melville nous conte l’histoire de Gustave Minda dit Gu, échappé de Centrale, il sera mis sur un coup…
Jean-Pierre Melville montre le milieu d’une pègre parisienne faite de codes, où l’honneur est plus ou moins respecté, nimbé d’une ambiance virile. La narration est superbe de lenteur rythmée pour nous prendre, nous tenir, dans les rets d’une mise en scène calibrée, Melvilienne.
L’interprétation est Ad hoc, finesse dans le jeu. Meurisse (hiératique à l’humour distancié). Christine Fabrega en sister dolorosa. Constantin : bon comme jamais avec le physique du porte-flingue, de l’ami infaillible. Et les seconds rôles à l’avenant Marcel Bozuffi, Raymond Pellegrin, Paul Frankeur… et au centre, en phare: Lino ! Ventura est dans (probablement) son meilleur rôle; dense, intense; une lame.
Melville et lui renouvelleront avec « L’armée des ombres« , autre grand film. Hélas ils se fâcheront sévère, Ventura ne supportant plus les méthodes et les façons du réalisateur.
Restent deux immenses films de la cinématographie française, pas prétentieux; exigeants, comme nous pouvons l’être nous spectateurs une fois notre billet acheté et ne plus subir la logorrhée promotionnelle (Carbone, Épouse-moi mon pote, Justice League…).
Le cinéma n’existe pas sans spectateur; ne nous abonnons pas au médiocre (Hanouna est là pour cela) et soyons curieux et exigeant, poursuivant ainsi le goût d’un cinéaste comme Jean-Pierre Melville.
Synopsis Télérama du film Le Deuxième Souffle :
Gustave Minda, dit Gu, s’évade de la prison de Castres avec deux comparses. Il rejoint Manouche, son amie, qui tient un bar à Paris. Vieilli et fatigué, Gu voudrait bien décrocher. Mais peu après, il est impliqué dans un règlement de comptes sanglant qui oppose Jacques, le propriétaire du bar, au gangster marseillais Jeannot Franchi, associé des Ricci, un gang redoutable. Le commissaire Blot retrouve ainsi sa trace. Gu projette de fuir à l’étranger avec Manouche. Ayant besoin d’argent, il accepte la proposition de Paul Ricci de participer à un hold-up. Le succès de l’entreprise ne sauve pas Gu pour autant. Blot est sur ses talons.