La distance y est parfois immense.
Akira Kurosawa est l’un des cinq plus grands réalisateurs au Monde ! Ran (85), Dersou Ouzala, (75) Dode’s kaden (70), La forteresse cachée (58), Le château de l’araignée (57), Les bas-fonds (57), Les sept samouraïs (54), Vivre (52), Rashômon (50), Chien enragé (49), L’ange ivre (48)…
Entre le ciel et l’enfer (63) raconte l’histoire d’un directeur-actionnaire d’une grande fabrique de chaussures devenu riche (par son travail et sa clairvoyance) qui se voit rançonné…
Dans ce film AK fait preuve d’une intelligence, d’une maîtrise du cinéma dans tous ses sens;
dont le 6e couronne parfois le 7e art. La première heure du film se déroule presque uniquement dans la même pièce -le salon du couple bourgeois- plus de plans de coupe que de mouvements de caméra pour Kurosawa, pour qui ce choix est une façon de privilégier la mise en scène. En effet, la composition des différentes scènes les unes à la suite, permet au réalisateur de montrer les rapports, les rapports humains ou sociaux ou encore hiérarchiques.
Les plans, presque arrêtés parfois, sont saisissants, et extrêmement parlants; des personnages évoluent dans le plan et d’autres pas, à l’intérieur du même plan. Kurosawa dessine là une idée de la société japonaise de l’époque, en concentré.
Puis l’histoire avance, Kurosawa nous sort de cette riche maison plantée sur les hauteurs de la ville, laquelle domine les « bas-fonds ».
Lors Kurosawa nous montre le travail de la police, dans ses investigations, ses tâtonnements,ses avancées chaotiques, sa rudesse, le tout d’une saisissante vérité âpre : nous ne sommes pas dans un film de Maïwenn!
Et le film devient extérieur après n’avoir été qu’intérieur. Kurosawa nous montre aussi l’état de la société nippone de l’époque : les rues, une jeunesse qui s’agite, le monde du travail, des camés dans un sale état… Le tout sous un Noir et Blanc superbe : Asakazu Nakai et Takao Saito, ils sont deux à la Photo et tous deux attitrés à la filmo de Kurosawa.
Le film transpire, suinte parfois. Tout y est ! Le rythme, l’ambiance, l’atmosphère, servant à merveille un scénario mince sur lequel Kurosawa trace un grand film tant les différentes scènes, sont écrites et mises en scène sous le sceau de la subtilité et de la maitrise. Une grande œuvre.
Synopsis du film Entre le ciel et l’enfer :
À Yokohama, un malfaiteur kidnappe un enfant qu’il prend pour le fils d’un industriel japonais. Il s’agit en fait du fils du chauffeur de ce dernier. (SensCritique)