Nos Petites Critiques de Films
Film The Shop around the Corner

The Shop around the Corner – Réalisation Ernst Lubitsch

Mais qui est qui !?

Dans la boutique de maroquinerie Matuschek et Cie, Alfred Kralik (James Stewart) est un bon vendeur, apprécié de son patron qu’il seconde brillamment.

Il est également apprécié du reste de l’équipe de vendeur de cette boutique familiale, où une nouvelle arrivante (Margaret Sullavan) le piquera quelque peu de réparties agaçantes.

Il est si bien sur son nuage d’échanges épistolaires avec une délicieuse inconnue…

C’est un film sur la roublardise ! Comment parfois les uns ou les autres nous pouvons cacher ceci ou cela, avancer masqués, ou encore tromper.

Ici, presque toutes ces roublardises sont délicieuses dans cette ambiance de fêtes de Noël imminentes.
Le ton de cette comédie est d’une tendresse agrémentée de douce fantaisie. Lubitsch est le maître !
Pour rappel : Billy Wilder (Some like it hot, The Appartment, Avanti, Irma la douce…) avait un écriteau dans son bureau : qu’aurait fait Lubitsch?

Le bon vieil Ernst a tellement le sens de la fantaisie. Elle est, je pense, la base de beaucoup de ses films : Ninotchka, Haute pègre, Sérénade à trois, la 8e femme de Barbe bleue

Tour à tour teintés de causticité, d’amertume, de nostalgie ou que sais-je encore ! Mais chaque fois la fantaisie dirige l’ensemble. Et c’en est un ravissement permanent, avec pour manie principale : les portes ! Lubitsch avait le secret d’une divine utilisation des portes dans ces films. Je ne sais plus quelle actrice avait d’ailleurs fait le reproche qu’il s’intéressait plus à elles qu’à Elle !

Ici, dans cette petite boutique (quasi pas d’extérieurs), la règle est donc de mise, et au service de la mise en scène de l’histoire. Lubitsch ne fait pas de mise en scène pour de la mise en scène. Le casting est à l’unisson : James Stewart à son aise dans le registre comme le montrera Indiscrétions la même année de George Cukor où encore La vie est belle (46) de Frank Capra,. Comme l’avait fait auparavant du même Capra : Vous ne l’emporterez pas avec vous (38)… L’ahurissante longévité d’une incroyable densité de la filmo de James Stewart : Capra (3), A.Mann (9) Hitchcock (4) Ford (4) Henry Koster (4) et encore 1 chez : Preminger, R.Thorpe R.Quine, Wilder, De Mille, D.Daves, Hathaway… Une histoire du Cinéma à lui seul!

Ici, la trop rare (l’inverse de Stewart, 10 ans de carrière : 12 films) Margaret Sullavan, déjà la délicieuse pierre angulaire du trio du film de Borzage; Three comrades (38) est bien entendu toute à son affaire dans son opposition amoureuse avec James Stewart.

Les seconds rôles sont à l’avenant, à commencer par Félix Bressart, second rôle fétiche de Lubitsch (après Edward Everett Horton) : Ninotchka et To be or not to be : un délice de lâcheté comique sous une humanité jamais démentie.

Ou encore un Frank Morgan, plus paternaliste que jamais dans son emploi, que l’on avait vu dans Le magicien d’Oz.

On ne dira jamais assez l’importante essentielle de tous ces grands seconds rôles qui peuplent les cinémas français et américains.

Voir et/ou revoir un Lubitsch c’est TOUJOURS se faire du bien, prendre ce plaisir sans compter, de cinéma, d’élégance et de rires.