Et si nous tenions là le grand film de l’année ?
Wang Xiaoshuai m’était totalement inconnu ! Malgré Red amnésia (14), Eleven flowers (11), Une famille chinoise (07) ou encore Shangaï dreams (04)… Mais je l’ai vu sans le sa-voir dans The World (05) de Jia Zhang Ké, avec qui je lui trouve, d’ailleurs, une parentèle dans la façon de filmer une certaine Chine.
Liyun et Yaojun vivent petitement dans leur logement ouvrier avec leurs fils (Xingxing) unique, puisque nous sommes dans ces glorieuses années 80 ou la Chine très industrieuse et monolithique de pensée, met en place sa politique de contrôle des naissances. Et puis un drame arrive et dès lors le film nous montre le formidable amour qui enveloppe ce couple, qui l’anime qui le transfigure sans doute quelque part dans son ordinaire, sa misère, ses difficultés.
Et c’est donc un objet de Cinéma que nous avons là, je souligne à chaque fois que cela arrive, tant la chose n’est pas fréquente. C’est filmé au plus près des êtres, avec une profondeur de champ et d’humanité. La caméra se fait plus large quand le réalisateur filme le barrage, plusieurs fois la même scène, divers angles ou différents moments. Et puis surtout le montage narratif de ce long film de trois heures est formidable ! Nous égarant un peu parfois -sans que cela soit dérangeant- mais surtout nous prenant plus sûrement dans les rets de son histoire.
Le montage des images également est une petite merveille; tous les montages de ce film sont donc bien travaillés, le 7e art est une addition -que dis-je ! – une somme de beaucoup de travail.
Mais sans que nous le sentions à l’écran ! On ne doit pas voir le travail, on ne doit voir la technique ! Tant nous devons seulement ressentir, être disponible à l’émotion, pris au dépourvu parfois.
La mise en scène est fluide, lente et tenace, tous les interprètes d’une justesse de jeu, avec une mention pour le rôle du père Yaojun joué par Wang Jing-chun (vu dans le surprenant Black coal où il campait un curieux patron de teinturerie), tant il porte le film, je trouve, comme il porte ce couple, comme il porte sa, leur !, douleur.
Il y a aussi tout ce que le film dit, parfois sans le dire, des rapports entre les êtres, filiation, fidélité, amitié, culpabilité, amour… et amour, c’est un film sur un grand amour ordinaire.
Le scénario est formidablement intelligent, dans ses entrelacs, ainsi que dans sa façon d’avancer dans la narration, cela sous tendu par la quête idéologique de la Chine de l’époque, une fois encore aux détriments de son peuple, comme à chaque qu’une politique veut dominer l’Humanité…
Oui ! je crois bien que So Long My Son est le film de l’année.
Synopsis So Long, My Son
Au début des années 1980, Liyun et Yaojun forment un couple heureux. Tandis que le régime vient de mettre en place la politique de l’enfant unique, un évènement tragique va bouleverser leur vie. Pendant 40 ans, alors qu’ils tentent de se reconstruire, leur destin va s’entrelacer avec celui de la Chine contemporaine. (Sens Critique)