La plus difficile des confrontations !
Celle face à soi-même bien évidemment.
En traduisant Offence, plusieurs variantes (c’est à la mode) se présentent : infraction, délit, outrage, insulte ou encore indignation. Et ici, toutes ses subtilités conviennent, tant Sydney Lumet est un grand cinéaste.
D’après un scénario de John Hopkins, qui avait signé au préalable celui de Opération Tonnerre puis une adaptation de Des souris et des hommes, Lumet signe ici un film perturbant, donnant à Sean Connery -à travers l’enquête de viols de jeunes filles- de multiplier les confrontations : face au sordide de l’humain, face aux règles, face à sa femme, face à la hiérarchie, face au mal (?) face à lui-même; de jouer donc autre chose que 007.
Sydney Lumet est un spécialiste de l’affrontement ou des confrontations. Dès son premier film quand il porte à l’écran la pièce de Réginald Rose 12 hommes en colère (57) : un juré seul doute de la culpabilité d’un jeune homme accusé de parricide; il affronte alors les 11 autres…
L’homme à la peau de serpent (59) où Anna Magnani campe une Lady Torrance qui se voit confronté au désir et à la jalousie avec l’embauche dans son commerce de Val (Marlon Brando). Serpico (73) où un Pacino (un rien gravure de mode, je vous l’accorde) campe un jeune flic qui finit par s’affranchir de bien des règles. Un après-midi de chien (75) qui enchaine les affrontements (loi, morale, sentiments…) Equus (77) où toutes bienséances sont affrontées et brisées; un film fort et dérangeant.
Je termine en citant mon film préféré -méconnu- de Lumet : A bout de course (88) où un couple s’est confronté au système (attentat politique) et condamne une famille à fuir, avec le regretté River Phoenix. A voir absolument !
Ici donc Lumet est à son affaire, tournant principalement des scènes d’intérieur, dans des pièces plus ou moins grandes, avec des cadrages plus ou moins serrés; nous sommes bien dans cette confrontation répétée, notamment par une scène -clef de voûte du film- initiale, morcelée, vue, revue, montée et remontrée, livrant l’essence même du film.
Dans cette scène le sergent Johnson fait face à un suspect (admirablement joué par Ian Bannen dont la carrière -pourtant pléthorique- a manqué d’un ou deux grands films) et cet affrontement sera révélateur.
Et puis l’affrontement avec l’épouse -laquelle n’en voudra pas- et puis celui avec le super-intendant de la police, qui lui est là pour cela. A travers eux, à travers la situation, Johnson doit se confronté avec lui-même.
Sean Connery donne là une partition que l’on ne lui soupçonnait pas forcément; même si Marnie (Hitchcock 64) avait pu nous éclairer déjà. Il montre dans The Offense une puissance ordinaire, le tout nimbé d’une image pas propre, un rien poisseuse, comme pour nous dire que les tréfonds -les nôtres ? ceux de chacun ?- ne sont pas… brillants.
Merci donc à Swashbuckler, d’avoir sorti ce film en 2007, 35 ans ans après ! Le film n’étant pas distribué afin de ne pas entacher la belle image propre de James Bond…
Synopsis du film The Offence
1972. Dans une banlieue grise et anonyme d’une grande ville d’Angleterre. Le sergent Johnson (Sean Connery), un policier violent ayant 20 ans d’expérience, se lance aux trousses d’un violeur de fillettes. Très vite, un étrange individu (Ian Bannen) est arrêté. L’interrogatoire se met en place. Commence alors, pour les deux hommes, une véritable nuit d’horreur… (wikipedia)