Fantaisie à la russe sur fond soviet.
Presque 30 ans après Le bonheur d’Assia où le réalisateur russe apportait une vision nuancée de la vie sous l’empire radieux des kolkhozes, Andrei Konchalovsky revient dans le même village et retrouve Assia, et ses habitants. La Perestroïka est passé par là et on ne peut pas dire que tout aille pour le mieux.. Le film était aussi une expérience puisque seuls deux rôles étaient tenus par des comédiens professionnels.
Lors, Konchalovsky retrouve ces paysans de ce coin de Russie où bien des choses ont changé, mais où d’autres paraissent immuables.
La vie n’est plus en collectivisme kolkhozien mais le village est tout de même régi à l’ancienne. Et si les temps modernes tentent de rentrer, les préjugés leur font mener la vie dure.
Quid de la poule, quid de l’œuf ? Quid de la Russie, quid du communisme ?
Konchalovsky esquisse une réflexion sous la fantaisie. Que s’est-il passé ? Qu’est-il advenu ? Les habitants, enfermés dans les habitudes de ce totalitarisme communautaire mais bien profitable aux puissants, sont-ils conscients du changement et en sont-ils plus heureux?
Je ne sais pas si Konchalovsky cherche à répondre; il donne à voir une farce parce que la vie en est une, ce que le Communisme -ou quoi que ce soit d’autre- ne parvient pas à effacer. L’âme russe donne juste une musique plus grave et alcoolisée, à cette farce. Et la farce est une fable. Celle que conte tous les pouvoirs, toutes les religions, depuis la nuit des temps; alors même que nous essayons simplement d’être des Hommes.
Dès son premier film, Le premier maître (65) Konchalovsky a marqué cette volonté de recul. L’observation des êtres humains livrés à cette croyance, cette dépendance : le Communisme. Cette démarche trouvera sa pleine réalisation avec Sibériade (79) 4h30 d’épopée immobile, ou comment détourner une commande du pouvoir sur le pétrole en Sibérie…
L’âme russe de Konchalovsky est trempée de fantaisie c’est elle qui dirige ce film. Elle s’était étouffée quelque peu sans doute sous les ors hollywoodien de Tango à Cash en passant par Runaway train. Konchalovsky s’est peu-être égaré à plusieurs reprises, pas seulement aux amériques puisqu’après Riaba, il faudra longtemps attendre pour goûter à nouveau cette fantaisie telle une sucette à la vodka, avec le très plaisant Les nuits blanches du facteur (14).
Avant, d’attraper, entre deux covid, cette pure merveille à nous livrée, que fut Michelangelo (20).
Synopsis du film Riaba ma poule
L’histoire se passe trente ans après le Bonheur d’Assia, au fond de la campagne russe, et décrit la vie d’un village soumis à des influences contraires, après la Perestroïka. Assia, élevée dans l’idéal du socialisme soviétique, se sent étrangère au monde qui l’entoure. Elle converse avec ses poules. Riaba, l’une d’entre elles, est une poule aux œufs d’or.
À côté, un riche fermier, archétype du nouveau capitalisme, donne du travail aux gens du village qui tente de sortir de sa léthargie. Il plait depuis longtemps à Assia, mais leur différence sociale est un obstacle… (wikipedia)