Le magistral ordinaire des ombres.
Toutes les ombres, celles de vies de marin, celles des ports, celles des îles, celles de la guerre.
C’est un grand film méconnu de John Ford, tiré de l’œuvre d’Eugène O’Neill The long voyage home, bien adapté par l’excellent Dudley Nichols au scénario (Le mouchard, l’impossible Mr Bébé, Stagecoach, Man hunt, La captive aux yeux clairs…) bref un gars qui a du calibre.
Ici c’est le 8e scénario pour Ford, celle d’une histoire simple de marins qui transportent une cargaison plutôt dangereuse alors que la guerre est encore là, sur les océans comme partout.
Ils sont touchants ces marins qui ne parviennent pas à décrocher et rentrer chez eux ; et puis « chez eux » où est-ce ?
C’est ce que raconte le beau roman d’Eugène O’Neill : « ce très long retour à la maison ». Une histoire magnifiée par une photo splendide ! Tant les jeux d’ombres composés par Gregg Toland servent la mise en scène de John Ford. D’une caméra serrée pour faire affleurer l’humanité des hommes, laquelle peut se révéler ou piètre ou formidable et dans le vaste champ de l’entre-deux. C’est ce qui plait souvent chez Ford: l’humanité dans toutes ses nuances de gris, livrée ici dans une superbe photo. G. Toland signera la même année « Les raisins de la colère ».
Que dire du casting ! John Wayne (au jeu beaucoup plus subtil qu’on a crû pendant longtemps),
Thomas Mitchell, inoubliable oncle de La vie est belle (Capra), Ward Bond (vieux compagnon) déchirant dans une très belle scène, ou Barry Fitzgerald : inénarrable et délicieux Michaleen de L’homme tranquille, ou aussi, étonnant dans La cité sans voiles (Dassin) et quelques autres; une époque ou les acteurs -pour la plupart- ne se prenaient pas pour des vedettes.
Il faut se précipiter sur la très belle édition Blu-Ray de ce magnifique John Ford.
Synopsis du film Les Hommes de la mer
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, un cargo irlandais partant des Etats-Unis est chargé de transporter des explosifs jusqu’à Londres. Leur périple inclut une escale aux Antilles. La vie sur la bateau reste la même: beuveries et bagarres sont le quotidien des marins. Des marins commencent à soupçonner sur d’autres marins qui pourraient être des espions allemands, Quant au matelot Olsen, son seul but est de rentrer dans son pays natal: la Suède. (wikipedia)