Un grand film luxuriant.
Une des dernières réalisations d’Ingmar Bergman -après il se consacrera surtout au théâtre et à la télévision- en 1982 il a 64 ans.
La famille se retrouve pour Noël, dans cette grande maison de la grand-mère où elle attend donc les siens (ses 3 fils et leurs compagnes).
On est frappé d’abord par le décor de cette grande maison bourgeoise suédoise :
Les murs, les tentures, les alcôves, les couloirs, tout y est d’une luxuriance de couleurs, de formes, de reliefs, tant que le décor est planté comme personnage de l’histoire, mais surtout principe premier d’une réalisation où Bergman va diriger ses acteurs, ses marionnettes dans ce petit théâtre intérieur.
Ce foisonnement sera juste cassé par l’épurement du décor austère et rigide, de l’intermède religieux (et douloureux pour Alexandre) du beau-père évêque autoritaire.
Ingmar Bergman parle de ce qui l’a toujours tenu : la religion, la famille et le théâtre (plusieurs membres travaillent /dirigent le théâtre local).
Le réalisateur ne se contente pas de « parler »; il s’affronte à Dieu (un échec invisible) le théâtre lui, sert de passeur permanent, quelques soient les sentiments, les événements, quant à la famille, elle est ce qu’elle est! ses contraintes, ses contradictions, ses traditions et ses asservissements (jusque dans le personnel de maison assujetti).
La tendresse du boxeur -puisque Bergman combat les duretés de cette religion, qui prend la figure mâle de l’autoritarisme- va à la famille. Son amour, au théâtre.
C’est une réalisation somptueuse ! La mise en scène fluide et discrète, magnifie ce film tout du long, 3h et l’on voit cents peintures: Rembrandt, Vermeer, Fragonard, Bonnard, Degas, qui sais-je ? Tant et tant encore, tant la photo de Sven Nykvist éclaire, illumine le cadre superbe, toile sur et dans laquelle évoluent ces marionnettes du petit grand théâtre de la Vie vue par Ingmar Bergman.
Synopsis Télérama du film Fanny et Alexandre :
En Suède, au début du XXe siècle. Helena Ekdahl, propriétaire du théâtre d’Uppsala, a invité sa famille et ses amis pour de somptueuses festivités de Noël. Ses trois fils sont présents, Oscar, comédien médiocre, Gustav Adolf, éternel coureur de jupons, et Carl, un professeur alcoolique. Parmi les petits-enfants qui prennent joyeusement part à la fête, Fanny et Alexandre. Au cours d’une répétition, leur père, Oscar, est victime d’une hémorragie cérébrale. Sa mort soudaine jette la consternation dans la famille Ekdahl. L’évêque Edvard Vergerus célèbre les funérailles. Il séduit Emilie, la jeune veuve, et bientôt l’épouse, au grand effroi des enfants, qui redoutent son puritanisme obsessionnel…