L’amour simple et profond du cinéma.
Ainsi était Bertrand Tavernier; il n’est qu’à voir sa magnifique œuvre qu’est son Voyage à travers le cinéma français tant il dit son amour des films des autres.
Passeur d’abord car le cinéma lui avait tant donné.
Lors donc, par la réalisation de quelques uns, lui aussi, nous aura tendu cet amour du cinéma.
Et le début c’est Lyon ! La ville des Lumière, nos inventeurs du 7e art. Tavernier y tournera plusieurs long-métrages, commençant avec cet Horloger de Saint-Paul (74) transposant de Liverpool à Lyon, un récit que Tavernier -ancrant comme souvent dans son époque- fait plus encore glisser que Simenon vers l’aspect politique. Que la fête commence (75) pochade moyen-âgeuse et magistrale où quelques comédiens trempent leur truculence : Rochefort, Noiret, Marielle, Desarthe et la très regrettée Christine Pascal. Avant d’offrir à Galabru LE rôle de sa carrière avec Le juge et l’assassin (76) le comédien s’en saisit avec maestria : un rôle énorme, un rôle fou.
Nous pouvons pour le moins dire que cela commençait bien.
D’autres moins connus mais non moins attachants Des enfants gâtés (77) Piccoli et C.Pascal.
Une semaine de vacances (80) Baye et Lanvin ou La mort en direct (80) visionnaire.
Avant de nous livrer cette petite merveille de film sur la bêtise humaine (adaptant en finesse un polar de Jim Thompson en le délocalisant en Afrique noire colonisée France) : Coup de Torchon un régal de comédiens ! Noiret, Huppert (avant qu’elle ne devienne trop intelligente) Audran, Eddy Mitchell (un chef d’œuvre de Con), Guy Marchand, Marielle, Hernandez, Michel Beaune (mieux que les utilités dans les films de Bébel)…un régal à revoir.
Puis une infinie douceur intimiste avec Un dimanche à la campagne (84) nimbée de la grâce de Sabine Azéma. Autour de minuit (86) somptueux hommage au jazz, que Tavernier a toujours placé plus haut et dans tous ses films; une oreille en plus d’être un œil ! La vie et rien d’autre encore de la magnifique ouvrage sur les disparus, les oubliés, hommes tués à la guerre et l’épuisante, douloureuse recherche des familles, en bonus le gag du soldat inconnu.
L.627 (92) formidable plongée dans la crasse quotidienne du travail des policiers de terrain, sans misérabilisme et bien servi par un casting irréprochable: Torreton, Bezace, Jean-Roger Milo, Charlotte Kady, Claude Brosset, Lara Guirao, Jean-Paul Comart…
L’appât (95) flippant de vérité, si bien servi par de jeunes comédiens (Marie Gillain, Olivier Sitruk, Bruno Putzulu). Capitaine Conan (96) montrant si bien toutes les duretés des guerres et la seule humanité des hommes pour y faire face quand la pédante prétention des gradés ruine tous les espoirs.
Laissez-passer (01) déjà un hommage au 7e Art pendant les temps troubles de la seconde guerre.
Et les autres, encore quelques autres ! Oui merci Mr Tavernier, un grand merci et plein de petits.
Bien à vous.