Faut-il revoir Woody Allen?
Réalisation Woody Allen 1977
Bien évidemment la question se pose pour tous les films, des grands réalisateurs qui peuplent nos cinéphilies; mais Woody Allen est peut-être symbolique de ce questionnement, lui qui s’est mis en question durant toute sa carrière.
« Annie Hall » s’ouvre justement sur les questions que se posent Alvy (Woody) sur son lien aux femmes. Et ses questions sont drôles et pertinentes.
Suit alors un film Allenien au héros perturbé par tant de questions, lesquelles sont bien évidemment sa respiration.
Le « Revoir » nous confronte nous aussi aux questions. Aimer un film à sa première vision est une chose, en le revoyant nous risquons la déception voir le désamour; c’est donc la question du Temps qui se pose.
Quels sont les films qui nous restent, ceux qui résistent au Temps. Tenant aussi compte que Nous changeons (un peu quand même) dans notre regard, notre analyse, notre exigence…
Woody Allen a toujours été bavard -verbeux parfois- et je pense que « Manhattan » réussit mieux l’exercice du Temps. Il est qui plus est, servi par un magnifique Noir et Blanc, et par là même nous propose -impose- un autre Temps.
« L’Orange Mécanique » de Kubrick vieillit mal je trouve, alors que « Lolita » ou « Barry Lindon » ne bougent pas. Le « Reservoir dogs » de Tarantino -si brillant à sa sortie- prend également un coup de vieux 20 ans après.
Le pourtant très ancré dans son époque « Mauvais Sang » trône toujours en haut des films poético-romantiques car nous avons là du pur cinéma, pour ne pas dire du cinéma pur.
Les meilleurs Westerns sont insubmersibles, le Temps ne les engloutira jamais.
» L’appât », « La prisonnière du désert », » La charge héroïque », « Rio Bravo », « Pat Garrett et Billy le Kid », « Winchester 73″ ou encore » La chevauchée des bannis » tant et tant encore…
Sans doute le Noir et Blanc favorise la résistance au Temps, mais pas seulement… Tant il est vrai que certains films couleurs font plus vieillots qu’un Chaplin.
Les films Noirs s’en tirent également remarquablement bien, tout comme ce cinéma américain indépendant des années 60/70: « L’épouvantail », « Serpico », « A bout de course », « La poursuite impitoyable »…
Et ce sans nostalgie car celle-ci ne sert à rien, hormis le temps d’une madeleine au goûter, et ce temps-là est bien plus court.
Donc revoir des films, oui, toujours (sans louper les nouveaux) et les recevoir avec un plaisir renouvelé, ou pas, et ce ne sera pas grave.
Synopsis Télérama Annie Hall : Alvy Singer, un humoriste new-yorkais à la carrière éclatante, est un incurable névrosé. La quarantaine douloureuse, deux mariages ratés, quinze ans d’analyse, il est obsédé par la précarité de l’univers, le sexe et la mort. C’est alors qu’il rencontre, au détour d’un court de tennis, Annie Hall, une jeune femme étourdie et charmante qui l’enchante et en laquelle il est persuadé d’avoir enfin trouvé la compagne idéale. Eternel insatisfait, angoissé permanent, il l’entraîne dans des discussions métaphysiques et tente de lui faire partager ses interrogations. La demoiselle prête une oreille attentive aux développements ésotériques de celui qui est devenu son compagnon. Mais, préoccupée par sa carrière de chanteuse amateur, elle envisage de s’installer sur la côte Ouest. Un projet qui ne séduit guère Alvy…