Nos Petites Critiques de Films
Film Ceux qui m'aiment prendront le train

Ceux qui m’aiment prendront le train

 Film Ceux qui m'aiment prendront le trainOh oui je l’ai pris !

Réalisation Patrice Chéreau 1998.

C’est une histoire pleine de bruit et de fureur, faite de chair et de sang, naviguant entre Shakespeare et Tennessee Williams -deux grands noms du Théâtre comme l’est Chéreau– et c’est bel et bien du Chéreau. Du Chéreau de tout ce qui fait Chéreau; l’art (ici la peinture) la troupe, le sexe, l’homosexualité, la famille…

Et il y a la gare des Bénédictins à Limoges, où ce train arrive, puisque le mentor, Pygmalion de ce groupe, de cette troupe qui n’en est pas une, de cette famille qui en est presque une. Le décédé a émis le souhait d’être inhumé à Limoges (d’où le titre).

Et donc le train, et donc des sentiments qui commencent à craquer, et puis le cimetière (le plus grand d’Europe) où les fissures s’aggravent, se dessine alors la maison familiale : la tempête suivi d’un début de calme peut-être quand tout sera dit.

C’est un merveilleux film de comédiens (Pascal Greggory, Valeria Bruni-Tedeschi, Bruno Todeschini, Jean-Louis Trintignant, Charles Berling, Vincent Pérez, Dominique Blanc et quelques autres, beaucoup sont de « la Bande à
Chéreau » magnifiquement servis, ils interprètent tous des Naufragés, chacun à sa façon.

Le film Ceux qui m’aiment prendront le train est non seulement brillamment mis en scène, superbement soutenue par la prise de vue toujours juste au cadre serré. Mais il est aussi -surtout ?- magnifiquement mis en son !

On sait le goût de Chéreau pour la musique – ses mises en scène d’opéra, ou encore dans chacun de ses films, la bande son prenant ici parfois le pas sur les dialogues comme pour étouffer le vacarme dans la tête des uns et des autres.

J’y vois un lien lointain avec « L’homme blessé » ou 15 ans plus tard on retrouve un Chéreau apaisé tant les tourments apparaissent et se maîtrisent.

Une grande et belle oeuvre.

 

 

Synopsis Télérama du Film Ceux qui m’aiment prendront le train :

A 70 ans, le peintre homosexuel Jean-Baptiste Emmerich décède. L’une de ses dernières volontés était d’être inhumé à Limoges, berceau de sa famille. C’est donc là que ses amis et ses amants se retrouvent pour un dernier hommage à l’artiste. Dès le départ en gare d’Austerlitz, et durant tout le trajet, des relations particulières se dévoilent ou se tissent. Tandis que le couple de Claire et Jean-Marie s’effiloche, un coup de foudre réunit Louis et Bruno. Alors que tous se rassemblent autour du cercueil, de vieilles rancoeurs resurgissent…