Quand la bêtise tient les hommes.
Et ce n’est pas une nouveauté… Même déjà dans l’Ouest; univers alors rude.
Deux hommes arrivent par une route (ils repartiront par la même, plus les mêmes) dans une ville qui parait vide ou terne ou je ne sais quoi encore de peu accueillant.
Ils entrent dans le saloon; normal nous sommes dans un Western ! Sauf que ce western est tout sauf « normal »…
Dès les premiers dialogues un ton différend, décalé et une situation qui l’est tout autant; une vraie volonté du réalisateur : William Wellman, dont le premier film à le mettre sur le devant de la scène sera L’ennemi public (31) avec James Cagney, une des grandes vedettes des débuts du cinéma parlant.
Ici le film date de 1942 et montre un Ouest comme peu, pas souvent décrit ainsi; une dimension manifestement théâtrale qui conduit à une banale tragédie. Soutenue en cela par une mise en scène qu’on pourrait qualifiée de statique. J’y vois quant à moi une volonté d’épure. En effet W.A.Wellman met en scène une chasse à l’homme sans cavalcade, sans bruit et avec une fureur contenue, jusqu’à un certain point; l’invention du climax?
Les personnages ne sont pas caricaturaux -hormis un ivrogne sans vergogne et une matrone (campée par la souvent truculente Jane Darwell : les Raisins…, La poursuite…, Le convoi des braves, The sun shines bright, the Last Hurrah figure Fordienne) – mais les autres ! Deux cow-boys qui ont suivi mais s’interrogent fortement et on sent bien qu’ils n’aiment pas hurler avec les loups (Fonda et W. Eythe), l’accusé (Dana Andrews, d’une pureté de jeu sobre).
Un des autres poursuivis : le jeune et fin Anthony Quinn, l’œil torve, les intentions troubles. Ou le paisible commerçant, là pour éviter le pire, joué par Harry Davenport vu chez Lubitsch, Capra ou encore Dieterle.
Un juste et un bel ensemble de distribution servant un scénario bien serré (le film dure1h15 !) par un orfèvre du genre Lamar Trotti (Judge Priest, Young Mr Lincoln, Sur la piste des Mohawks pour John Ford, 3 Wellman, 5 Henry King… à son aise dans l’adaptation littéraire Le fil du rasoir (Goulding) ou ici donc.
Le tout procure un vrai bon plaisir devant ce méconnu L’étrange incident servi qui plus est par une belle photo Noir et Blanc signé Arthur C.Miller, pas le dernier non plus ! Je n’en jette plus et mettez-vous à la recherche du DVD, qui est de bonne facture technique.
Synopsis du film L’Étrange Incident :
Dans les années 1880, dans un village du Nevada, se répand la nouvelle du meurtre de Kincaid, éleveur de bétail. En l’absence du Shérif, quelques personnalités influentes ainsi que l’Adjoint forment rapidement une milice afin de retrouver les coupables. La poursuite, menée par le major Tetley, aboutit à l’arrestation de trois hommes qui sont en possession de bétail portant la marque de l’éleveur. Arrêtés en pleine nuit à bonne distance du village, au lieu-dit « Ox-Bow », ils seront pendus à l’aube.
Leur chef, Donald Martin, se défend et prétend avoir acheté les bêtes. Mais ne peut produire aucun reçu prouvant ses dires. Un des habitants de la ville, Arthur Davies, essaie de faire entendre la voix de la raison et demande à la foule d’attendre le retour du shérif pour leur donner un procès équitable. Soutenu par un employé de ferme Gil Carter, qui depuis le début de l’affaire a tenté de freiner les ardeurs et a participé à la poursuite en espérant éviter une erreur judiciaire, Davies parvient à provoquer un vote. Seule une minorité du groupe (7 personnes) étant d’avis d’attendre l’officier de justice pour organiser le procès, les accusés sont exécutés.
En rentrant au village, la troupe rencontre le shérif qui leur apprend que l’éleveur n’a pas été tué ni volé. Qu’il est encore en vie. Le film s’achève sur un marasme général. Gil Carter et son camarade, qui avaient voté contre l’exécution, quittent le village pour porter secours à la famille de Donald Martin. (wikipedia)