Lorsque chacun tente d’exister.
Et que c’est sous le talent et la caméra d’Edward Yang… Cela donne ce long et beau film ample.
Maître du cinéma taïwanais -avec Hou Hsiao Hsien– Edward Yang est un cinéaste majeur -mort trop tôt- avec au moins 2 chefs d’oeuvre : « Yiyi » et ce « A brighter summer day » donc.
Le film conte l’histoire d’une famille à Taïpeh : dont on suit plus particulièrement l’histoire de Xior Si’r, adolescent dont le père, chinois, est réfugié politique (il sera d’ailleurs au cours du film inquiété par la police secrète).
Si’r fait plus ou moins partie d’une bande de quartier -celle du Parc- laquelle s’affronte à celle des 217.
Nous sommes au début des années 60, et ici, comme partout dans le monde à l’époque, le phénomène de bande est un moyen d’exister, de s’identifier, parfois de se créer.
Sa vie tourne principalement autour du collège et des cours du soir, et puis aussi autour de Ming, croisée au hasard de l’infirmerie…
Le film nous montre la camaraderie, les tensions des mâles trop proches de leurs hormones et aussi les premiers émois. La distribution est d’une justesse jamais prise en défaut, la mise en scène -légère- sert admirablement tous les personnages (acteurs).
Mais ce qui frappe surtout, ce que l’on remarque, ce que j’ai aimé plus que tout ! C’est comment Edward Yang filme. Avec une profondeur de champ telle, qu’elle permet à tous d’exister, à une petite chose en arrière plan de passer, d’entrer dans le cadre, sans ostentation, sans déranger le plan; et tout ceci est cadré à merveille ! Ni trop serré, ni trop large, et nous permet d’être tout le temps pris dans ce film. Yang travaille beaucoup aussi avec les ombres ou encore les reflets (Il magnifiera les transparences dans « Yiyi »).
Edward Yang, disparu trop tôt (2007) alors qu’il travaillait sur un sacré projet d’animation, est je crois, définitivement et simplement, un artiste de la caméra.
Synopsis du film A brighter summer day
Dans la Taïwan des années 1960, le désarroi d’une jeunesse en quête d’identité, au travers le récit de l’histoire vraie d’un jeune homme ayant assassiné une de ses camarades de classe dans une prestigieuse université de Taïwan.