Nos Petites Critiques de Films
film 12 jours

12 Jours – Réalisation Raymond Depardon

Affiche film 12 joursL’humanité, la tendresse de Depardon.

12 jours c’est un délai; depuis septembre 2013, les patients internés sous contrainte (donc à la demande d’un tiers) peuvent avant ce terme, passer en audience devant un juge, lequel se rend dans l’HP concerné et écoute librement le patient et son avocat.
Cela pour décider si l’internement doit se poursuivre avec pour soutien le dossier médical.

Ce sera principalement ces scènes d’entretiens qui vont constituer le film; deux caméras posées, sobres, sans mouvement; en pudeur, à la Depardon : il connait bien l’exercice de l’audience depuis « Délits flagrants » (94) puis « 10e chambre… » (03).

Le démarrage du film dit beaucoup de la façon de Depardon, un lent, très lent (à coté Tarkovski c’est une Ferrari !) travelling avant de nous fait pénétrer dans l’institut, en lenteur et en douceur. Quelques faibles sons directs émaillent cette entrée; Depardon arrive -et nous avec- sur la pointe de la pointe des pieds.

Donc nous croisons quelques malades face à 5 juges différents, tous attentifs et à l’écoute.
Quelques réparties des patients nous feront rire et puis sur d’autres -presque sur tous- percent leur douleur, leur égarement…

Depardon nous sort de la salle d’entretiens pour de brefs moments et nous montre qui: une autre patiente qui déambule dans les couloirs se parlant toute seule,  qui: un autre à faire 101 pas dans un bout de terrasse en tirant sur une cigarette, quoi: un lit sur lequel on voit très bien les sangles de contention.

La caméra toujours posée, tranquille, douce. Une belle composition d’Alexandre Desplat accompagne les extérieurs.

Et puis, Depardon sort et nous montre le brouillard, c’est la fin du film, et il semble nous dire que ces gens sont encore pour beaucoup dans le brouillard -perdus d’eux-mêmes- le plan fixe est noyé de ce brouillard, il y a là aussi, dans le cadre un panneau ralentisseur/dos d’âne, nous signifiant qu’ils sont face à un obstacle.
Il reste néanmoins rassurant de voir qu’à travers nos instituts de santé (ici l’hôpital Le Vinatier à Bron, région lyonnaise) l’état, le pays; nous ! puissions prendre soin de quelques uns de nos plus faibles.
Merci Mr Depardon.

 

 

 

Synopsis du Film 12 jours :

Avant 12 jours, les personnes hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement sont présentées en audience, d’un côté un juge, de l’autre un patient, entre eux naît un dialogue sur le sens du mot liberté et de la vie.