Nos Petites Critiques de Films
Mauvais sang

Mauvais sang

Mauvais sangL’empreinte du romantisme moderne

Réalisation Leos Carax 1986

Si vous ne recelez aucun romantisme fuyez devant ce film !

Si comme moi, vous avez vu 3 fois en 3 mois « Mauvais sang » au moment de sa sortie en salle, bienvenus ! Et vous pouvez -30 ans après- le voir une 4e fois.
Alex dit, Langue pendue, perd son père et va le remplacer sur un coup, il va croiser Anna après avoir fui Lise.
L’histoire n’est que prétexte, alors Carax déstructure la narration, appuyé en ce sens par un montage formidable.

Je tiens Léos Carax pour le meilleur cinéaste de sa génération (avec Desplechin). Carax pense le cinéma, il ne se contente pas d’écrire une histoire puis d’aligner de la pellicule ! La forme est son fond; il se coltine avec la première pour se cogner au second.

Bien évidemment il y a du Godard chez Carax, mais on y voit surtout du Carax et on y attrape du cinéma.
J’avais déjà été frappé par cela en voyant son court-métrage « Strangulation blues » : j’étais devant un jeune metteur en scène qui pensait son cinéma.

Il y eut ensuite « Boy meets girl » qui passe un peu moins bien l’épreuve du temps, et puis après, ce formidable « Mauvais sang ».
Le titre est une allusion à cette maladie que nous découvrions depuis peu, et qui tuait parce que l’on s’aimait.

Carax nous donne à voir des plans merveilleusement construits jouant de la lumière, des transparences, soutenus par des cadrages surprenants, qui nous happent pour mieux nous immerger dans son film.

La construction de la bande son est au diapason. Comment pourrait-il en être autrement !? Des dialogues bousculés, où l’on apprend que « le regard d’un homme c’est pas du vent« …

Et puis il y a les comédiens ! Piccoli à l’intensité de jeu aussi noire que son regard, Lavant double alter égo de Carax; des allures de Buster Keaton en titi de la Seine. On découvre là une Julie Delpy vierge et mature, des seconds rôles formidables, fantaisistes, détonants, tel le dessinateur Hugo Pratt en homme de main.
Et puis… et puis… il y a Binoche; elle est l’icône du film. Elle en est son révélateur. Ce film est aussi la naissance de l’amour, celui que partageront Carax et Binoche.

C’est donc un film qui peut rendre amoureux ! Du cinéma, des acteurs, de Paris, de la Nuit, de l’Amour.

 

Synopsis Télérama Mauvais sang :

A Paris, à la station Pasteur, Jean, un gangster, tombe sous le métro. Marc, son complice, qui vit avec la belle Anna, est persuadé qu’il ne s’agit pas d’un accident et que Jean a été éliminé par celle que tous surnomment l’«Américaine». A la tête d’une bande rivale, cette dernière exige le paiement d’une dette importante. Marc et son ami Hans contactent alors Alex, le fils de Jean, et lui proposent un coup fabuleux : dérober le STBO, un virus qui tue ceux «qui font l’amour sans amour». Le jeune homme refuse une première fois, puis finit par accepter cette proposition car il a besoin d’argent pour refaire sa vie…