Nos Petites Critiques de Films
le Majordome

Le Majordome – Réalisation Lee Daniels

Le Majordome

Nègre de Maison

Le jeune Cecil Gaines fuit en 1926 le Sud des États-Unis et la tyrannie ségrégationniste. Il deviendra majordome de la Maison-Blanche pendant 30 ans soient 7 présidences.
À la maison, sa femme Gloria élève leurs deux fils et la famille jouit d’une existence confortable grâce au poste de Cecil.

À travers le regard de Cecil Gaines, le film retrace l’évolution de la vie politique américaine et des relations entre les communautés. De l’assassinat du président Kennedy et de Martin Luther King au mouvement des « Black Panthers », de la guerre du Vietnam au scandale du Watergate, Cecil vit ces événements de l’intérieur, mais aussi  à la maison en père de famille afro-américain au service des blancs.

Forest Whitaker est d’une grande dignité, il traverse l’histoire en simple témoin, avec discrétion et souffrance notamment pour son peuple.

Gloria, interprétée par Oprah Winfrey, est époustouflante. Elle est une mère chaleureuse, une femme aimante, seule avec ses deux fils car Cécil est au service de la Maison Blanche plus de 20 heures par jour. Sa solitude l’emporte dans l’alcoolisme et son jeu est tout en nuances d’émotions.

Les fils sont radicalement différents : Luis Gaines est un rebelle et s’engage avec ferveur pour les droits des Afro-américains (David Oyelowo était le journaliste et collaborateur de Matthew McConaughey dans Paper boy, bon comédien et tenace). Le frère, joué par Michael Rainey Jr., s’embarque pour le Vietnam afin de représenter son pays avec intégrité mais dans une démarche opposée à celle de son frère.

Lenny Kravits nous fait une belle prestation d’acteur.

Terence Howard, en contre emploi, est génial : coureur de jupon et joueur invétéré.

Guba Gooding Jr. est parfait en ami sincère.

John Cusack nous fait un Richard Nixon effondré.

Tous, habitués du réalisateur, se donnent pleinement.

L’histoire est respectée et réalisée somptueusement, quasi une fresque historique et presque trop conventionnelle. C’est dans la détresse ou la folie de certains personnages que l’on retrouve la griffe de Lee Daniels. C’est un film engagé avec des allures de Blockbuster. Ceci dit c’est une belle leçon d’histoire sur la communauté Afro-américaine.

On prend conscience étape par étape du chemin parcouru depuis plus de 70 ans et cela jusqu’à l’élection d’Obama. Revanche incontestable et justifiée de la communauté Afro-américaine.